Tout commence dans la petite patrie intérieure

Les moines : les visionnaires du Ciel ?

shot_1287908936718.jpgJe reviens d'un WE dans une abbaye de moniales perchée sur une montagne des Alpes, face au Mont Blanc. La beauté du paysage, le battement des cloches et le charme de l'architecture d'inspiration byzantine s'allient pour adresser au ciel un seul et profond cri : celui des hommes qui cherchent Dieu.

 

Dans un même élan j'ai assisté hier soir à un colloque sur le processus de mise en place des normes comptables internationales d'inspiration anglo-saxone dans tous nos pays européens. Cette uniformisation de l'agèbre du Droit prend ses racines dans une vision restreinte de l'homme et des ressources de la terre puisqu'elle consacre la valeur de marché et se soumet au diktat de l'actionnaire roi.

 

Cette grande ambition des tenants de la "libéralisation" complète de nos sociétés relève à mon sens d'une logique capitaliste qui bafoue l'homme poussée à son extrême limite. La crise économique que nous vivons actuellement a en effet commencé à susciter une levée de boucliers sans précédent dans les milieux d'affaires qui prennent conscience du manque de fécondité (spirituelle et économique) de cette approche pour nos différentes civilisations.

 

Sur ce paysage économique flou, sur la toile de notre époque que nous peignons de nos vies fragiles et hésitantes, l'on aperçoit quelques hommes et quelques femmes façonnant de leurs mains des marchandises à haute valeur ajoutée venant du fond du coeur. Enracinés dans leur monastère, les moines confectionnent des services de table en argile, fabriquent des parfums, modèlent des oeuvres d'art, lancent des lignes d'huiles essentielles, produisent des CD de chants pour l'âme, font du fromage et cultivent la vigne. lls participent à l'économie.

 

Leur moteur ce n'est pas l'apât du gain, c'est l'appel du coeur.

 

En alliant subtilement l'élan du travail avec celui de la prière ils ouvrent une voie mystérieuse pour notre génération qui lancent sur ses chemins les lamentations régulières d'un coeur fragmenté cherchant alternativement et distincement l'épanouissement dans l'activité puis le réconfort de l'intériorité.

 

La vie discrète et cloîtrée des moines nous interpèle. L'étymologie du mot célibat (caelum) nous rappelle que cet état de vie entretient un lien intime avec le ciel. Le choix de s'enraciner sur un coin de terre et de cultiver une relation avec le créateur procède d'une autre logique que celle proposée trop souvent unilatéralement par un monde en manque de sensations fortes. Mais cette logique plus mytique n'est-elle pas le signe d'une réponse que Dieu adresse aux hommes ?

 

La fumée s'élève sur cette montagne enneigée. Elle accompagne de son odeur parfumée la confection des produits des hommes, la confession des sentiments humains.

Dieu sourit en humant le savoureux mélange de charbon et d'encens que des hommes inspirés laissent monter vers des cieux surpris par cette découverte humaine.

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