Tout commence dans la petite patrie intérieure
Je dédis ce post à Mahaz, jeune marocain de 15 ans résidant en France, que j'ai appris à connaître l'an passé pendant une année de formation humaine et d'immersion dans une cité HLM de notre pays.
Mahaz venait chaque soir de la semaine à l'aide aux devoirs dans les locaux de notre association. Selon l'humeur et la météo il commençait par s'asseoir sur le petit muret du pas de porte ou sur la chaise Ikéa du petit salon de la pièce d'accueil. Les oreilles occupées par les ondes accrochées aux écouteurs de son baladeurs mp3, il balance quelques fois à mon regard croisé un petit sourire en coin, mais le plus souvent ses yeux et son visage sont ailleurs. Ils sont comme transportés dans une autre contrée.
Un soir, une de mes soeurs de mission était bien décidée à traverser la frontière qui séparait l'univers de Mahaz et le reste du monde. Elle vint s'asseoir à côté de lui et lui demanda tranquillement si elle pouvait avoir le privilège d'écouter sa musique ! Il accepta et Rebecca transperça la membrane du mystère musical de cet adolescent de cité.
Celle qui surgit tel un oasis dans le désert
Rien n'est plus confortable que le coeur d'une mére
La chair de ma chair, celle qu'est fiere quand je réussi
Le paradis est à ses pieds la combler sera ma réussite
Mahaz bouge la tête de haut en bas, vous savez comme les jeunes de banlieue que nous croisons dans le bus ou le rer. Il regarde les yeux de Rebecca semblant mendier un sourire ou un acquiescement de sa part. Il obtient un regard complice et deux fossettes dessinées sur les joues de sa voisine. Le cordon des écouteurs relie les deux auditeurs.
Des femmes j'étais écoeuré
J'ai sombré dans la haine
C'est celle qui m'a ouvert son coeur et j'ai réappris à aimer
Des paroles et quelques notes unissent soudain deux monde de pensées, deux bains culturels différents. Le mot "Trinité" résonne tout particulièrement dans le coeur de la jeune chrétienne de France, un clin Dieu accompagnant ce parallèle sémantique bienvenu.
Il y a deux jours, la miraculée Gianna Jessen nous interpelait sur ce blog en livrant l'objectif de sa vie : "faire sourire Dieu". Parions que ce moment de complicité entre Rebecca et Mahaz a illuminé le visage du Père...
...Sanctuaire de la procréation
tu portes peut-etre mon enfant dans tes entrailles
J'en ai deja des frissons !
NB : le hijab désigne plus particulièrement le voile que certaines femmes musulmanes se placent sur la tête en laissant le visage apparent.